Novembre 2003 – Comme nous l’avions annoncé, le 5 octobre 2003, à Fribourg, le Métropolite Jérémie a ordonné à la prêtrise Michel Quenot, fidèle de la paroisse de Fribourg depuis de longues années et auteur de plusieurs livres sur la théologie de l’icône, dont certains traduits en de nombreuses langues. Ayant pris une retraite anticipée pour se consacrer pleinement à l’iconographie, le Père Michel a bientôt répondu à la demande des fidèles et de l’Eglise d’entrer à son service par la prêtrise
L’ordination sacerdotale du 5 octobre avait attiré à Fribourg de nombreux fidèles et amis, venus de la Suisse et de l’étranger. Dans cette cérémonie toujours impressionnante, autour de l’évêque, les participants ont profondément ressenti la réalité et la continuité de l’Eglise dans la fidélité au message du Christ.
Plutôt qu’un reportage, nous avons choisi – un peu à la manière d’un petit “album souvenir” virtuel – de publier sur ce site quelques photographies, grâce à l’aimable autorisation de Klaus Kenneth, fidèle de la paroisse de Fribourg. Et, avec l’autorisation du Père Michel, nous reproduisons également l’allocution qu’il a prononcée à la fin de la cérémonie. Celle-ci est suivie de l’allocution prononcée par le Père Michel lors du repas qui a réuni ensuite dans la campagne fribourgeoise une nombreuse assistance.
Homélie lors de la liturgie d’ordination à la prêtrise
Son Eminence Mgr Jérémie,
Son Excellence Mgr Macaire,
chers Pères,
chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,
«Réjouissez-vous et soyez dans l’allégresse». Aujourd’hui, Dieu a visité son peuple. En effet, on n’est pas ordonné pour soi-même mais pour les autres par la grâce du Saint Esprit, qui seule «remédie aux faiblesses et supplée aux déficiences», comme l’a dit notre archevêque le Métropolite Jérémie en m’imposant les mains. «S’il faut se glorifier, c’est de mes faiblesses que je me glorifierai» (2 Co 11, 31), dit l’apôtre Paul. Et d’ajouter, «lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort» (2 Co 12, 10). Je reprends à mon compte ces paroles parce je crois que cette ordination qui fait suite à ma réponse positive à l’appel de l’Eglise me donnera la force, par la grâce de l’Esprit Saint, d’annoncer l’Evangile du royaume, de célébrer la parole de vérité, d’offrir des dons et sacrifices spirituels et de rénover le peuple chrétien par les sacrements.
Le prêtre est l’«intendant de Dieu» (Tite 1, 7), «de ses mystères» (1 Co 4, 2) et «de sa grâce» (1 P 4, 10). Son ministère l’engage à former des «icônes vivantes». Médiateur, il intercède pour le monde et garde plus spécialement les fidèles vivants et morts de son bercail dans la mémoire de Dieu. Le prêtre veut réconcilier tous les hommes avec Dieu et je m’efforcerai – avec vos prières, celles de l’Eglise et de tous les saints -, de vous porter tous quotidiennement dans ma prière devant les icônes et lors de chaque eucharistie. Etre chrétien, c’est faire partie du Corps du Christ et ce corps trouve sa plénitude dans la Divine liturgie qui gomme nos différences dans la mesure de notre communion à son précieux et saint Corps et Sang.
Nous avons tous à nous bénir les uns les autres, à bénir les hommes que nous côtoyons au travail, dans la rue et partout où nous conduisent nos pas. Mais comme le Christ dans l’icône, le prêtre est investi du pouvoir de bénir encore et toujours, d’invoquer l’Ami des hommes sur chacun et chacune. Qu’Il vous bénisse tous et vous garde.
Cette paroisse a le privilège d’avoir un grand patron en la personne de saint Silouane l’Athonite dont nous avons ici des reliques. Dans tout son enseignement, il revient constamment sur l’importance de l’Esprit Saint qui «nous révèle les mystères de Dieu» et il implore la miséricorde divine sur tous les hommes afin qu’ils découvrent combien le Seigneur est bon. Il est invisiblement présent avec nous et nous le prions de nous soutenir dans le futur qui commence aujourd’hui.
Mais notre paroisse jouit en premier lieu du patronage de la Protection de la Mère de Dieu dont l’icône ci-contre rend si bien compte. Comment ne pas invoquer plus particulièrement en ce jour Celle qui a porté en ses mains le Créateur qui s’est fait chair pour nous sauver ? Celle qui est plus vénérable que les Chérubins et incomparablement plus glorieuse que les Séraphims est omniprésente dans la célébration de la Divine liturgie. Elle occupe la première place dans l’ordre des créatures célestes et terrestres qu’elle préside dans l’amour.
«Rempart des chrétiens et gloire des prêtres saints», je dépose à ses pieds mon sacerdoce en l’invoquant sur cette communauté et sur nous tous ici réunis. Amen!
P. Michel Quenot
Allocution lors du repas qui a suivi l’ordination
Son Eminence Mgr Jérémie,
Son Excellence Mgr Macaire,
chers Pères,
chers frères et sœurs en Christ,
chers amis,
Un geste vaut parfois mille mots et s’il est un geste que j’ébauche en mon cœur envers chacun et chacune de vous, c’est celui de bénir, c’est-à-dire de demander pour chacun et chacune ce qui lui sera le plus bénéfique dans son cheminement d’homme et de femme. Que l’Ami des hommes veille sur vous et vous garde!
Et puis, on ne peut bénir sans remercier. Nous avons prononcé ce matin dans la Divine liturgie ces paroles : «Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous te l’offrons en tout et pour tout.» Faire eucharistie, c’est essentiellement accueillir de don de Dieu et offrir en retour tout le donné créé, la réalité de notre vie et celle du monde assumée en Christ. Dans l’eucharistie, le Christ partage un repas avec ses disciples. Le mot français «compagnon» vient du latin «cum pane», celui avec qui l’on partage son pain. Un proverbe arabe dit qu’il faut manger un pot de sel ensemble pour être amis. Que ce repas scelle des amitiés et nous rapproche les uns des autres.
A mon tour, j’aimerais remercier personnellement et au nom de tous notre archevêque le Métropolite Jérémie et lui redire notre joie de l’avoir parmi nous. Merci aussi à Mgr Macaire de Lampsaque qui était déjà parmi nous lors de l’ordination au diaconat le 4 mai dernier et qui a voulu s’assurer de la bonne conclusion de ce qu’il avait commencé. Merci à notre frère dans le sacerdoce le vicaire général de notre Métropole, l’archimandrite Maxime, qui a dû renoncer au repas pour d’autres obligations. Je salue ici la présence de notre Père en Christ l’archimandrite Syméon du monastère Saint John the Baptist d’Angleterre et avec lequel plusieurs d’entre nous entretiennent un lien de paternité, du recteur l’archimandrite Jean qui a desservi fidèlement cette paroisse depuis sa fondation, de notre voisin l’archimandrite Martin, higoumène du monastère de Dompierre (VD) et des autres pères dont l’énoncé des qualités nous priverait de dessert, des frères et sœurs syriaques orthodoxes, coptes, catholiques et protestants, des nombreux amis venus d’horizons parfois lointains et bien différents, notamment des membres des communautés sœurs de Genève, Lausanne, Payerne. Cette diversité trouve sa plus belle illustration avec notre paroissien junior Cosma, qui fête aujourd’hui ses 40 jours, et notre doyen et ami Nicolas qui porte allègrement ses 92 ans, mais aussi avec nos hôtes du Ghana en la personne du Père Joseph Kwame et des siens. Pardonnez-moi de ne pouvoir mentionner chacun et chacune. Quand St Paul dit qu’en Christ il n’y a plus ni juifs, ni grec, ni esclave, ni homme libre, nous en avons ici la preuve, car malgré une mosaïque de nationalités, nous sommes animés d’un même esprit.
L’église était pleine ce matin. En réalité, ceux qui étaient invisiblement présents étaient encore plus nombreux. Je pense particulièrement à nos frères et sœurs en Christ du monastère St John the Baptist, les disciples de notre vénéré staretz Sophrony dont nous avons fêté en juillet le 10e anniversaire de la naissance au ciel. Une pensée toute spéciale aussi pour les prêtres et les moines grecs que j’ai eu la joie de côtoyer et qui étaient bien présents par la prière. Et puis, je pense aussi aux amis de Géorgie, de Roumanie, de Russie, de France et d’ailleurs en communion profonde avec nous.
L’organisation de cette fête est le fruit de l’amitié et du partage. Un très grand merci aux fidèles qui se sont engagés sans compter et qui ont collaboré dans l’ombre à la préparation minutieuse de cette journée. Comment ne pas mentionner au moins notre cher frère en Christ André et son épouse Florence qui ont coordonné de nombreuses tâches et assumé un lourd fardeau. Un merci tout spécial au cuisinier chevronné Angelo Bongiovanni, notre voisin, qui s’est offert spontanément et bénévolement à nous aider lorsque Lieselotte lui a parlé de la fête. Personne n’imagine les soucis et la longue préparation rendue difficile par le manque d’équipement de la cuisine, ce qui l’a contraint à tout préparer ailleurs et à transporter la marchandise avec l’aide de son beau-frère ….que nous remercions vivement. Merci aussi à Rose-Marie Etienne, une amie de longue date et ancienne collègue de travail spécialisée dans le monde de la cuisine, qui s’est également dépensée sans compter. Et puis Angelo est devenu «Michelangelo» lorsque notre ami Michel Balestra de Champéry s’est généreusement offert en renfort dès hier matin. Merci Michel!
Et pour terminer, une confidence! Il y a dans la salle un ami médecin que je soupçonne de m’avoir joué un tour lors d’une consultation l’automne dernier. Pour tout médicament, il m’a en effet prescrit une grosse bouteille de «sirop du Père Michel». Naïvement, je l’ai bu et vous voyez le résultat!
Mais trêve de paroles! Réjouissons-nous et goûtons comme il est bon de partager ce que nous sommes sous le regard de Dieu. J’espère surtout que nous aurons l’occasion de nous revoir souvent. Encore merci à tous et à toutes. Que l’Ami des hommes guide nos pas et nous garde dans la paix.
Nous allons chanter un «Mnogaya lieta», c’est-à-dire «Longues années» pour nos cuisiniers, pour tous ceux qui ont travaillé à l’organisation de cette fête et pour vous tous, en demandant à notre archevêque le Métropolite Jérémie de nous bénir.
P. Michel Quenot