3 mars 2006 – Le dimanche 5 avril du calendrier civil, les orthodoxes célébreront le Dimanche du Pardon, qui marque l’entrée dans la période du Carême, prélude à la grande fête de la Résurrection du Seigneur. A cette occasion, nous proposons à nos lecteurs ce texte adressé aux fidèles par l’Archimandrite Martin (Monastère de la Très Sainte et Divine Trinité. Dompierre).
En Ta miséricorde, sauve-moi, aie pitié de moi, Fils de David,
Toi qui sauves par Ton verbe les possédés du démon,
laisse tomber sur moi comme jadis le Larron la tendresse de Ta voix:
“En vérité, Je te le dis, tu seras avec Moi dans le Paradis.”Canon pénitentiel de saint André de Crète,
1er tropaire de la 9e ode de la portion chantée le jeudi de la 1ère semaine du Grand-Carême
Mes Bien-Aimés en Christ,
La porte qui s’ouvre devant nous, c’est la porte du Grand-Carême, la porte de la miséricorde. En la franchissant, en nous engageant résolument sur cette voie étroite, nous allons entreprendre le grand œuvre du renouveau de nos personnes. C’est le chemin de la guérison dans le pardon. Quand se fera la rencontre avec l’Amour compatissant, il ne faudra pas s’effrayer de nos laideurs spirituelles qu’Il révélera. Lorsque l’Ennemi sentira que son règne sans partage sur nos cœurs est aboli, il faudra savoir rester de marbre devant ses fulminations et ses menaces.
En méditant l’exemple de l’enfant prodigue, nous verrons comment orienter les travaux de ce grand chantier. Celui commencera par “l’état des lieux”, sans complaisance et avec lucidité. Il faudra éprouver combien est amer le goût de la vie pécheresse, tissée de lâchetés sans nombre, de faiblesses coupables, de satisfactions de ce terrible ego, véritable chancre de nos âmes. Puis, soutenus par les Anges et fortifiés par la Grâce, nous nous remémorerons la douceur de la communion avec le Sauveur compatissant. Et là, nous ne pourrons plus remettre à plus tard ce douloureux retour sur soi. La morgue, l’amour propre, tous ces freins à la vie véritable devront être rejetés avec détermination. Dans les larmes du repentir et dans la prise de conscience, il faudra vomir ce poison dont la racine se tapit dans notre cœur : l’esprit d’erreur et de méchanceté, l’esprit d’idolâtrie et d’avarice, de mensonge et d’impureté, en un mot l’esprit de révolte contre Dieu qu’instille en nous l’antique Serpent.
Mais soyons sans alarme, car du plus loin qu’Il nous apercevra, notre Père céleste se précipitera à notre rencontre et nous pourrons nous jeter dans Ses bras, goûter à ce miel du pardon, faire nos délices de Sa douce voix lorsqu’Il nous appellera par notre nom. Le Carême est donc le chemin de notre baptême. Pour être capables de nous prosterner devant le Christ Dieu, Vainqueur de la mort, il faut Le suivre à Golgotha, il faut mourir à ce qui est éphémère, aux œuvres de rien, traverser les sombres parages de l’Hadès pour ensuite vivre avec Lui la fulgurance de Sa glorieuse Résurrection. Quelle joie donc en ce jour béni de Pâques lorsque dans l’allégresse nos cœurs s’uniront à Celui qui est le Vivant aux siècles des siècles! Christ est Ressuscité! En vérité Il est Ressuscité! Saint et béni Grand-Carême à tous!
+ Archimandrite Martin
Source de l’illustration: photos de la série “Exploring Orthodoxy”, Flickr (usage public autorisé).